Jour 3 Greensboro / North Carolina - Charleston / West Virginia 241 miles / 388 kilomètres
9PM D.R.A.M Feat. Lil Yachty Broccoli
9 :08 Huslemain Cuti t (Remix)
9 :05 YG Feat. Drake& Kamalyah Why you Always Hatin ?
9 :13 Rick Ross Hustling
9 :17 Drake Chill your play
9 :21 Fetty Wap wake up
9 :30 Gladys Night on and on
9 :33 Jackson 5 The Love You Save
9 :34 Isley Brothers Rop that Gang
9 :37 Arthur Coney Soul Music
9 :43 Blackbirds Rock ….park
10 :01 Jim Mill Take The D Train
11 :28 James King Leavin
11 :34 Crown Heights Affair Dancin’
11 :35 Kebekelctrik War Dance*
11 :49 Prince 1 000 X’s
11 :56 Joe Mullins & The Radio Ramblers I know what I know
11 :59 Tony Trischka with Steve Martin Plunkin’Raag
12 :15 Evelyn’ Champagne’ King I’m in love
12 :17 Stephanie Mills (You’re Puttin’) A rush on me
12 :24 Dells All about the paper*
12 :29 Rufus & Chaka khan Any Love
12 :35 Mary Wells You Beat me to the Punch
12 :38 Stevie Wonder Superstition
La carte postale sonore d'Anne Gillot
Vidéo de Lee Walton
La chronique / fiction d'Antonio Albanese épisode 3
3. Kilomètres 870 – Miles 541
Au moment où nous sommes arrivés à Greensboro, Caroline du Nord, devant l’endroit où nous devons jouer ce soir, le bus s’est arrêté pour ne plus repartir. Nous avons laissé Sébastien s’occuper de trouver une solution pendant que Mathieu roulait quelques joints. Quand ils ont enfin fini de faire ce qu’ils faisaient, nous nous sommes installés pour une performance avec une danseuse contemporaine dans une station service abandonnée et nous avons finalement pu faire un peu de musique. Le concert de ce soir se déroulera dans un lieu dédié à l’art contemporain, le GPS. Mais les éléments semblent avoir décidé de se lier contre nous ou de nous rappeler, à leur manière, que le voyage et la musique partagent une même essence, l’improvisation. La batterie que Mathieu devait réceptionner au GPS n’est pas arrivée, et Jeanne, qui devait nous rejoindre en avion en fin d’après-midi pour faire le concert, ne sera finalement pas là avant demain matin, son avion ayant été retardé de plus de quatre heures. Pour n’importe qui d’autre, nous aurions été surpris, mais concernant Jeanne, nous avons simplement pris note. Quant à Marie, même si elle ne dit rien, je sens qu’elle est inquiète de n’avoir toujours pas pu essayer la contrebasse électrique qu’elle a commandée pour cette tournée et qui est entreposée chez Sébastien. Je le sais au fait qu’elle mange plus de fruits secs que d’habitude.
Sébastien habite la Caroline du Nord depuis plusieurs années déjà. Personne n’a vraiment compris ce qui lui a pris quand il est venu s’installer ici, à l’autre bout du monde, (du monde civilisé en tout cas), mais nous nous sommes habitués à ses allers et retours, et s’il n’a pas vraiment gagné en sérénité, nous avons personnellement gagné à n’avoir plus toujours sous les yeux son agitation constante.
Tous ces imprévus pourraient nous inquiéter en prévision du concert qui exige en plus une logistique technique assez compliquée. Pourtant nous ne sommes pas inquiets. Mathieu et moi, parce que nous en sommes à notre deuxième pétard, mais plus fondamentalement, parce que l’essence même de la musique réside dans l’adaptation constante aux changements. On ne comprendra rien à la musique tant que l’on continuera à opposer la musique écrite à la musique improvisée. Comme le marcheur qui adapte en permanence la position de ses pieds aux accidents du terrain, le musicien n’agit jamais, il réagit seulement. A ce qui l’entoure, à la note qu’il vient de jouer (qu’elle soit écrite sur une partition ou non ne change rien), à celle qu’un autre musicien vient de réaliser.
Nous jouerons ce soir avec les moyens dont nous disposerons et nous réagirons à l’acoustique du lieu, aux intentions des autres, à nos propres gestes, avec le plus de cohérence possible dans le cadre du langage que nous parlons. Le reste ne veut rien dire.
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